Histoire plus récente...

Depuis cette période que d'événements se sont passés à St Louis...

LE PENSIONNAT SAINT-LOUIS

Les lieux 

 

L’entrée du 22 rue Désiré Claude, n’était pas celle d’aujourd’hui, marquée par un grand portail en fer terminé au sommet par une série de « flèches » pointues. Grand ouvert il avait tout de suite à gauche la loge de la concierge : Melle PICHON dont le visage moustachu était la risée des élèves, toujours sans pitié… Son rôle consistait à ouvrir et fermer ce lourd portail aux heures de rentrée ou sortie des élèves. En dehors elle surveillait ce qui se passait dans le petit hall d’entrée situé à droite et qui comportait un petit bureau vitré. Du portail partait une allée étroite, pavée et qui débouchait dans la « cour des petits ».

De cette allée on pouvait accéder d’une part à l’infirmerie, située à l’étage, et d’autre part à la « cour d’honneur » où se trouvaient des bureaux notamment celui du Directeur, à l’époque le Frère PEYER.

La cour des petits limitait, à gauche, les classes de 8ème à la 3ème, leur cour s’étendant jusqu’à la rue Denis Papin et donnant aussi sur la partie haute du pensionnat et à droite les classes de la seconde à terminale séparées de la cour par le bâtiment de la Chapelle et son clocher, Au fond un imposant escalier à deux volées aboutissait à des jardins, eux mêmes donnant accès à une immense cour au fond de la quelle se situait l’imposante salle de gymnastique.

Le bâtiment séparant la cour des moyens de la cour des petits comprenait, au rez  de chaussée, les réfectoires,  au 1er étage les classes de 11ème (CP), 10ème (CE1), 9ème (CE2). Au deuxième et troisième étage les chambres des Frères.

Fermant la cour, face au grand escalier, un grand préau  par lequel on accédait à la salle de spectacles, en gradins.

 

Les personnes

 

(Pour suivre mes souvenirs il m’a semblé plus simple de partir des petites classes et de suivre d’année en année.)

Le Frère CHERPIN régnait en maître sur l’étage des « petits ». De forte corpulence, à la voix forte, une barbiche blanche au menton, il arpentait le couloir et rappelait à l’ordre l’élève bavard ou chahuteur et quand la situation était trop bruyante il criait « maintenant je vais chercher ma cousine »Il s’agissait d’un énorme bâton dont il frappait le plancher avec force, et nous avions toujours peur qu’il ne s’en serve sur notre postérieur, la dissuasion était efficace et sa menace suffisante.

 

Mademoiselle BERTHET, personne d’un âge avancé,  à nos yeux du moins !, du fait des ses cheveux gris et de son chignon imposant, avait la lourde tâche d’apprendre à lire et à écrire. C’était en fait une excellente pédagogue. Nous « syllabions B à A BA,  B à E BE etc…en suivant sa longue baguette sur les tableaux préétablis en toile cirée, suspendus au tableau noir et ceci plusieurs fois par jour. Par contre elle avait la mauvaise habitude, quand elle s’en prenait à un élève de l’attraper par les petits cheveux des « pattes temporales », ce qui est particulièrement douloureux mais efficace, l’ambiance de la classe redevenant vite studieuse.

D’une des portes de la classe on avait une vue sur le clocher et l’horloge de la chapelle et pour vérifier qu’on savait lire l’heure elle demandait à brûle pourpoint à un élève de dire ce qu’il en était. Suivant la réponse « je ne sais pas ou je ne vois pas » on avait droit à un cours sur les chiffres.

 

Madame MARTIN, plus « jeune » que Melle Berthet s’occupait d’une classe de 1Oème. Elle était sévère mais très soucieuse de ses élèves et insistait beaucoup sur le calcul mental.

 

Monsieur CLAVEL s’occupait d’une 9ème  « vieux » monsieur à moustaches, toujours vêtu d’une longue blouse grise et portant été comme hiver des chaussures hautes. Il

Transmettait avec fougue sa passion pour l’histoire.

 

Mademoiselle ANNA responsable d’une 8ème était le cliché même d’une institutrice anglaise : lunettes fines, cachant un regard malicieux et qui ne laissait rien passer sans parler du chignon

Qui était certainement refait plusieurs fois par jour !

 

Le Frère FAURE, un personnage ! Il régissait une classe de 7ème. Lui aussi faisait peur n’hésitant pas, d’un coup de poing, à envoyer à travers la classe une pile de cahiers posée sur son bureau..Quand il passait dans les rangs certains élèves reniflaient avec ostentation car il se parfumait au patchouli fort odorant.

 

A partir de la 6ème et jusqu’en terminale il n’y avait palus un seul professeur mais un par matière ou presque. C’est un peu dans le désordre que j’en parlerai.

 

En 6ème Madame ROUX, Monsieur GUILLARME, ils enseignaient notamment l’anglais et les élèves de Mde Roux n’hésitaient pas à la critiquer sur son accent comparé à celui de Mr Guillarme qui nous semblait  « perfect ». Il faut dire que l’isolation phonique de l’époque était

Inexistante et que les cours s’entendaient d’une classe à l’autre.

Monsieur MOUILHADE était professeur de latin et rétrospectivement  j’ai encore honte de ce qu’il a enduré avec nous. Boules puantes, punaise sur sa chaise, même une fois une tarte à la moutarde..

Monsieur BERNER, ancien officier des  chasseurs alpins, ayant combattu au col du Linge en Alsace et blessé de guerre, il portait une prothèse et ses déplacements, malheureusement , ne passaient pas inaperçus, les élèves accompagnant souvent sa claudication d’un « tic-tac »rythmé à chaque pas. Il enseignait l’anglais.

Monsieur FERLAY, surnommé la « touffe» du fait de ses cheveux épars, enseignait ’histoire.

Il était titulaire de l’orgue de la « Grande Église »

Le Frère FALISSARD, le plus sévère de tous, n’hésitait pas à donner des punitions éducatrices tels que des exercices de math ou de calcul. Mais il savait aussi venir jouer au foot avec nous.

A partir de la 4ème et au delà, plusieurs noms me reviennent à l’esprit. Par ordre alphabétique :

Monsieur ARAGON, prof de français et latin, légèrement vouté, chauve, fumant des « boyards » papier maïs, avait tout du tribun romain quand il évoquait, l’index pointé au plafond, les discours de Cicéron.

Monsieur BEDJUS. Les rires bruyants des élèves traduisaient sa présence dans une classe car

Il ne pouvait s’empêcher de raconter des anecdotes ou faire des calembours.

Monsieur BUISSON, prof de physique, chimie, sportif à outrance et quelque soit la saison ou le temps ne portait jamais de manteau, de pull over ou d’écharpe, tout au plus s’abritait-il parfois sous un grand parapluie noir quand il pleuvait trop.

Monsieur DEBARRE, d’origine rurale ne se rasait pas tous les jours, son nœud de cravate se « balladait » au milieu de sa chemise !Il dictait ses cours sur un ton monocorde et quand un élève lançait une boutade ou faisait rire ses camarades dans leur coin, il disait d’une voix rocailleuse et en roulant les R  «  je devrais vous punir , mais vous n’êtes pas méchant »

Monsieur DUCROS, mon Père, a fait aimer l’histoire et le français à des générations d’élèves, à ma connaissance il n’a jamais été chahuté et je n’ai jamais été son élève !

Frère FONTAINE, presque plus Le passionné de foot que d’anglais ! Promenait, le  sourire jovial, sa morphologie un peu enrobée, dans les cours et couloirs du pensionnat.

Monsieur LENTHIAUME prof de maths ne s’est jamais remis d’un drame familial mais a continué à assurer ses cours avec conscience et dignité.

Le Frère LOUIS, d’origine italienne, passionné de cinéma, avait, pour faire connaître Rabelais, demandé aux élèves de seconde d’écrire un scénario et de faire  une mise en scène sur le « Frère Jean des entommeurs à l’abbaye de Thélème »Il nous avait fait étudier «  jour de fête » de J.Tati Une fois par semaine, après les classes il donnait un cours d’éducation musicale avec audition de disques, il était, origine oblige, passionné par Vivaldi.

Monsieur VARENNE, physique, chimie, Mademoiselle BONNEFOY sévère prof de math en terminale, très respectée, peut-être parce qu’elle marchait avec une canne ?

 

Autres personnes

 

Les Aumôniers : Père GIRAUDET, grand, mince, s’occupait aussi des scouts et donc de la troupe IV qui était celle du pensionnat au foulard jaune et rouge. Il avait en charge la formation et le suivi des enfants de chœur. Le Père BEAL plus discret mais attentif aux élèves en difficulté.

Le Frère PEYER : A l’époque Directeur du pensionnat. Le samedi matin il passait dans les classes pour distribuer les bulletins. Il y en avait de trois sortes : rouge pour les bons élèves, vert pour les moins bons, blanc pour les derniers. A l’appel de son nom on venait se ranger par ordre de mérite le long du mur.  Le Frère Peyer félicitait les uns, encourageait les autres et sermonnait les derniers.

Monsieur GUILLOT, prof de gym circulait sur une moto 125cm cube et portait, presque toute l’année, une « canadienne fourrée » !

Le Frère BORNAND, Économe et bien connu des pensionnaires et demi pensionnaires avec qui il jouait entre les repas.

Le Frère ( ?) chargé de la procure et qui trouvait que certains élèves dépensaient trop.

Madame ( ?) d’origine russe, médecin,  à la retraite,  mais qui jouait le rôle d’infirmière et préparait avec précision les visites médicales du DR MONROND .

Le Frère VINCENT, toujours « tiré à quatre épingles » était chargé notamment de l’éducation civique et de la « morale » En début de semaine à 8h , deux ou trois classes étaient réunies dans la grande salle d’études . Nous avion droit aussi bien à une leçon « comment bien se laver » à une «  leçon de politesse »laisser sa place dans le tram par exemple. Il nous avait aussi réuni pour nous faire écouter la retransmission radiophonique des funérailles nationales du Maréchal Leclerc ( ou de Lattre de Tassigny ?) ceci pour entretenir l’esprit patriotique. Je pense surtout que pour beaucoup  d’entre nous c’était l’occasion de ne pas avoir de cours..

Le Frère GRANGE ne manquait pas d’évoquer la bataille de Narvick en Norvège à laquelle il avait pris part et qui l’avait visiblement perturbé.

Le Frère PATRICE participait aux matchs de foot, aux récréations. Il deviendra plus tard psychologue à Lyon.

Le Frère DAUDET, dans le secondaire, qui s’occupera quelques temps de « Sainte Barbe »et qui sera nommé ensuite à Clermont-Ferrand.

 

Événements 

 

A la fin de la guerre et pendant deux ou trois ans, pas plus, avait lieu en juin  une olympiade reprenant ainsi une tradition très ancienne du pensionnat. Elle commençait  toujours par des figures d’ensemble de plusieurs classes. Elles nécessitaient beaucoup d’entrainement et occupaient les heures de « gym » à partir du milieu mai ; certains professeurs aidaient Mr Guillot dans cette préparation. Ensuite se succédaient différentes compétitions ou jeux , variés en fonction de l’âge ou de la difficulté. Les plus petits devaient se mesurer autour d’énorme ballon « bibendum ». La distribution des prix revêtait une certaine solennité.

Pendant cette même période d’après guerre, nous avions droit à la récréation de l’après midi à une distribution de lait et un petit pain, grâce nous disait-on, à la générosité des Américains.

Chaque année le Sacrement de Confirmation, au pensionnat, donnait lieu à une grande effervescence et dans la préparation et dans le déroulement de la cérémonie. Tant de bruits couraient sur la  « gifle » que donnait l’Evêque au confirmant…Nous étions impressionnés car la voiture, de Monseigneur Bornet et de son secrétaire le Chanoine Ollagnier, était autorisée pour l’occasion à rentrer dans la cour près de la chapelle !

Dans le même ordre d’idée il y avait la pratique des « billets de confession » Deux fois par semaine on pouvait se confesser, pour cela il suffisait d’inscrire son nom sur un billet pré établi en précisant le nom du prêtre. A l’étude le prêtre venait chercher un premier élève et ensuite ce dernier appelait le suivant et ainsi de suite, le tout dans un silence « religieux »

Rétrospectivement je crois bien que ces billets étaient plus une bonne occasion de sortir de l’étude  que par nécessité….

Bien d’autres évènements se déroulaient au cours de l’année mais plus anecdotiques, tirage de tombola, fête de fin de trimestre ou d’année par classe ou  groupe de classes .

François DUCROS